Discours d’Élisabeth Borne devant la Communauté française
Discours d’Élisabeth Borne devant la Communauté française lors de sa visite en Irlande le 13 novembre 2023.
Seul le prononcé fait foi.
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les parlementaires,
Monsieur l’Ambassadeur,
Mesdames et Messieurs les conseillers des Français de l’étranger,
Mesdames et Messieurs,
Mes chers compatriotes,
Je suis particulièrement heureuse d’être avec vous aujourd’hui à Dublin, et en cette année particulière : le 225e anniversaire de l’« Année des Français », la fameuse année 1798 où la France est venue soutenir les Irlandais dans leur aspiration à la liberté.
Ça n’est pas ma première visite officielle en Irlande : il y a cinq ans, comme ministre des Transports, j’étais déjà venue ici dans le cadre de la préparation du Brexit, pour fortifier les liens entre la France et l’Irlande, en particulier sur les questions portuaires.
C’était une période particulière, nous avons surmonté les obstacles liés au Brexit et l’amitié franco-irlandaise en est sortie renforcée.
Aujourd’hui, la France est devenue le plus proche voisin de l’Irlande au sein de l’Union européenne.
Et vous le savez mieux que personne, ça n’est pas qu’une réalité géographique : nos relations sont plus fortes que jamais.
C’est la raison de ma visite à Dublin, avec quatre ministres, deux ans après la visite du Président de la République.
Et il n’y a pas de hasard.
Si nous travaillons si étroitement ensemble au plan politique,
si les relations entre nos deux pays sont si fructueuses, c’est parce que nous sommes tous déterminés à mener une action commune efficace.
C’est parce que nous sommes mobilisés pour approfondir notre coopération. Je tiens à cet égard à remercier notre ambassadeur, Vincent GUEREND, et toutes ses équipes pour leur travail.
C’est cette mobilisation qui permet de si nombreux échanges entre nos deux peuples, notamment au plan culturel.
En leur temps, James Joyce ou Oscar Wilde faisaient ce pont entre nos deux cultures.
Hier, Samuel Beckett traduisait lui-même ses écrits de l’anglais au français.
Aujourd’hui, le français est la première langue étrangère étudiée dans les écoles irlandaises et la France demeure la première destination Erasmus pour les étudiants irlandais.
Ce sont des échanges nourris par une ferveur et des passions communes. Je pense notamment au rugby, alors que nos deux Nations ont subi le même sort en quart de finale de la coupe du Monde.
Mais en février prochain à Marseille, le prochain match France – Irlande, lors du tournoi des 6 Nations, nous permettra d’assister à l’affiche que nous aurions pu espérer en finale !
La France et l’Irlande, c’est aussi une coopération économique remarquable.
La France est le premier investisseur de l’Union européenne en Irlande, et même la première destination des investissements irlandais dans l’Union.
Ces chiffres ne sont pas que des statistiques, mais des réalités très concrètes, que vous incarnez parfaitement.
Beaucoup d’entre vous font partie des 30 000 personnes employées par des filiales d’entreprises françaises en Irlande.
Notre pays peut être fier de ces résultats : en Irlande, mais aussi ailleurs, les investisseurs misent sur la France. Pour la quatrième année consécutive, la France est le pays le plus attractif d’Europe pour les investissements étrangers.
Mesdames et Messieurs,
Une chose est certaine : si nos deux pays sont si proches aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à vous.
Par votre diversité, vous montrez combien notre relation avec l’Irlande est riche, plurielle :
vous êtes issus du monde de l’entreprise, du monde associatif, vous êtes étudiants, fonctionnaires, élus.
Beaucoup d’entre vous sont des représentants du monde de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche,
mais aussi des entrepreneurs, dont j’ai pu mesurer le formidable esprit d’innovation cet après-midi, au sein des Dogpatch Labs.
Je veux également saluer tout particulièrement nos nouveaux concitoyens présents ce soir. Vous avez fait le choix de devenir français. Cela nous honore.
Au-delà de vos parcours, de vos fonctions et de vos engagements, c’est vous, d’abord, qui faites vivre cette relation franco-irlandaise, dans vos familles, dans vos métiers, dans vos quotidiens.
Vous êtes plus de de 30 000 à avoir choisi l’Irlande comme terre d’accueil, d’opportunités, et d’échanges.
Plus de 30 000 qui formez la communauté française en Irlande, particulièrement dynamique, intégrée et pleine d’audace et d’idées.
C’est une formidable richesse pour l’Irlande, mais aussi pour la France, à laquelle je sais que vous êtes toutes et tous attachés. Vous représentez notre pays. Vous portez nos valeurs et vous contribuez chaque jour au rayonnement de la France.
En vous installant ici, en Irlande, vous faites vivre l’esprit européen au quotidien.
Vous le savez, 2024 sera l’occasion d’une échéance importante pour l’Union européenne. Il s’agira de choisir la voie que nous voulons prendre. Il s’agira de dire si nous préférons être forts ensemble, ou faibles isolés.
Ces dernières années, l’Union européenne a bien changé.
Elle s’est affirmée, bien au-delà de la force de son marché intérieur, et nous avons, ces dernières années, obtenu des résultats qui auraient pu sembler inatteignables, il y a 5 ans.
L’Europe a su s’unir pour se mettre au service de ses citoyens : que ce soit pour obtenir des millions de doses de vaccins, pour engager un plan de relance, avancer sur le green deal ou renforcer notre autonomie stratégique, l’Europe a répondu présent.
Mais si chacun peut peut mesurer le chemin parcouru, il reste encore beaucoup à faire.
Dans les mois à venir, nous devrons défendre et réaffirmer cette volonté d’une Europe forte, incarnée, qui défend nos intérêts.
Car face au défi climatique, face au défi migratoire, qui peut sérieusement prétendre que nous serions plus forts seuls ?
Face au vertige de la révolution numérique et de l’émergence de l’intelligence artificielle, beaucoup d’entre vous ici le savent parfaitement, c’est en unissant nos efforts que nous pourrons encourager l’innovation tout en protégeant nos concitoyens.
Plus largement, dans un monde en proie à tant de désordres, face au retour des guerres, face aux tensions entre les puissances, l’Europe nous apporte la stabilité et la force nécessaires pour avancer.
Car je ne peux pas m’exprimer devant vous ce soir sans évoquer la situation internationale.
Aux portes de l’Europe comme au Proche-Orient, la brutalité de la guerre est une réalité et les conflits internationaux se multiplient.
L’agression russe en Ukraine, les attaques terroristes du Hamas et le drame humanitaire à Gaza nous montrent combien la paix est fragile, combien notre monde peut être bousculé.
Il y a huit ans, notre pays connaissait l’attaque terroriste la plus meurtrière de son histoire, que nous commémorions ce matin, au Bataclan.
Et il y a quelques semaines, la barbarie terroriste a de nouveau frappé. Un professeur a été assassiné.
Je tiens à ce que nous ayons ce soir une pensée toute particulière pour les victimes et leurs familles.
Les valeurs républicaines de liberté, d’égalité et de fraternité sont le socle de notre identité en France comme en Irlande.
La République, c’est le devoir de protéger nos concitoyens, sans jamais céder sur nos valeurs, sans jamais laisser la haine ou la peur revenir sur nos principes.
C’est une conviction que nous avons en commun, Français et Irlandais : une foi inébranlable dans l’humanité, dans le progrès et dans l’avenir.
Dans les moments de joie comme d’épreuves, la France se tiendra toujours aux côtés du peuple irlandais, et nous savons aussi que nous pourrons toujours compter sur l’Irlande, hier comme demain.
Mesdames et Messieurs,
La France est votre pays, l’Irlande votre vie quotidienne, et l’Europe notre trait d’union.
C’est vous qui faites vivre cette relation privilégiée au quotidien, et je tiens encore une fois à vous en remercier.
Vive la République ! Vive la France !
Vive l’amitié franco-irlandaise !